Rewind sur Replay donc, puisqu'il est temps de
remercier ceux qui achetèrent le bouquin et prirent le temps d'un petit retour,
ou d'une chronique plus substantielle. Peu importe le canal d'ailleurs : ici
sur Facebook, là sur Messenger, ailleurs sur un blog ou un site. Aucun
témoignage papier en revanche, mais telle est l'époque… J'en cause assez dans Replay, et l'on ne refera pas le Monde.
De même, il est également temps de remercier les gonz' qui prirent leur micro
pour aller m'interroger sur telle radio (Culture
Prohibée, de l'ami Jérôme Pottier), telle petite chaîne YouTube (celle du
dénommé Damien Wake) ou tel podcast fameux (celui de Sam Guillerand). Les mecs,
vrai plaisir de causer à vos oreilles et à celles de vos auditeurs, je ne
l'oublierai pas. Comme je n'oublierai pas cette chouette après-midi signatures dans l'antre de Bruno Terrier, Metaluna Store. Je le remercie encore pour l'invitation.
Ainsi
donc, difficile d'embrasser les remarques, commentaires et impressions de mes
lecteurs : beaucoup de témoignages donc, très globalement positifs, qu'il est
difficile de synthétiser en quelques lignes sans en trahir l'essence. Et puis quelle
joie de voir que le livre fut parfaitement compris et appréhendé la plupart du
temps, et dans toutes ses dimensions ! Je vais y revenir. Ceci dit, quelques
lecteurs se sont tout de même étonnés, très légitimement, des raisons qui me
poussèrent à l'écriture d'un tel ouvrage : une
autobiographie ? A cet âge ? Et puis David Didelot n'est tout de même pas une
personne si connue qu'il faille en lire le cours de l'existence ! Je
comprends bien ceux qui furent "surpris",
"dubitatifs" et trouvèrent
même cela "curieux", voire
déplacé. D'aucuns se sont même inquiétés puisque comme le dit l'un de mes
lecteurs, "l'autobiographie est
souvent (peut être à tort) considéré comme un exercice de fin de parcours".
Pourtant, il me
paraissait bien que le moment était venu. D'abord, je reste persuadé que
le plus beau est derrière moi. C'est ainsi, c'est le cours de la vie… Ensuite,
il faut écrire quand on a encore de la mémoire, quand on se souvient encore. Enfin,
j'ai surtout vu dans ce livre une bonne manière de mettre un point final à l'aventure Vidéotopsie - et
peut-être aussi une façon de la prolonger un peu…
Voilà, grossièrement
tracés, les motifs qui me poussèrent au projet Replay, sans compter que l'écriture "intime", dira-t-on, semblait
assez bien réussir à mon stylo. Toujours est-il que le livre est sorti d'un
seul trait pour ainsi dire - fabriqué en un peu plus de deux mois, pendant les
vacances d'été 2018 -, ce qui tend à prouver qu'il me "fallait" absolument
l'écrire. Comme une obligation thérapeutique, comme une objurgation née des
profondeurs… en évitant autant que faire se peut les excroissances narcissiques
de l'époque, les mirages tumoraux de l'égocentrisme moderne : quand on décide
de se raconter, on est constamment sur
cette ligne de crête, et l'on peut facilement basculer dans les délices
trompeurs de l'amour propre et de l'adoration de soi, si l'on ne prend pas cette
distance nécessaire à la clairvoyance et à l'humilité… La transfiguration d'une
vie par l'écriture peut prendre de ces tours mensongers qui enjolivent,
dramatisent et théâtralisent l'existence, au point de présenter un tableau
illusoire de sa petite personne.
Sans
paraître présomptueux, j'estime avoir évité ces pièges, du moins si j'en crois
les retours de mes lecteurs : beaucoup ont souligné cette communauté d'âmes
rendue justement possible par l'écriture, cette identification saine avec mon
parcours particulier, avec mes passions passées et présentes (films, musique,
livres), avec cet "itinéraire bis d’un enfant gâté (car né pile-poil
pour vivre l’ère des vidéoclubs à l’adolescence !)" comme dit encore
l'un de mes amis. Ce livre est un partage en un mot, la relation d'un destin commun si l'on peut dire, et
d'une histoire largement mutualisée. D'ailleurs - et là est sûrement l'un des
plus beaux cadeaux que l'on pût me faire -, Replay semble avoir réveillé quelques souvenirs ici ou là : après
lecture, beaucoup ont replongé dans leur propre itinéraire culturel, le
comparant au mien, avec ses points communs et ses différences. "L'effet miroir" dont parle un
lecteur, l'invite au "voyage
rétrospectif" plein de nostalgie (qui n'est pas un crime donc) et permet de mieux comprendre où nous en
sommes aujourd'hui. "Probablement un phénomène générationnel" comme dit un
autre, "nous qui avons eu la chance
de connaître les années 80/90 et le bonheur de dévorer des films à la pelle
tout en passant des plombes dans les vidéoclubs". Tout est dit.
Je rends donc
grâce à ceux qui comprirent que le livre n'était pas seulement un catalogue de
titres et de souvenirs ciné. Il y a bien sûr de cela dans Replay - dresser le bilan de ce qui nous fonde culturellement parlant
- mais pas que : pour l'occasion, je reprendrai le commentaire d'un lecteur
"averti" qui voit dans le bouquin un ensemble de "réflexions sur la vie, la mort, les filles et les potes, la
société, le cinoche, le progrès (sic !)" et une façon "de se questionner sur l’émergence de
ses goûts et de ses dégoûts." C'est exactement cela si je puis me
permettre, une mise en système de l'existence, où rien ne me semble réellement
accidentel, où tout fait réseau donc, où tout s'imbrique en un puzzle immense :
chercher un sens à sa petite vie en d'autre terme, chercher le sens. Comme dit ailleurs un ami, Replay "c’est un bloc !" Le projet était certes ambitieux mais
je m'y suis attelé, essayant toujours de démêler les fils complets d'une existence,
d'en retrouver la trame, d'agencer le plus clairement possible toutes les
facettes d'une vie et de voir en quoi l'une pouvait être le reflet d'une autre…
et vice-versa. Alors si des lecteurs ont pu saisir les enjeux profonds du bouquin,
ces liens ténus et tissés entre l'intime et le commun, eh bien je suis le plus
heureux des hommes, car le témoignage "autobio-cinémato-fanzinesque" est
un exercice compliqué mine de rien.
Le plus heureux des hommes, c'est quand
même vite dit ! En effet, beaucoup ont également souligné la tonalité pessimiste
du livre, du moins "une légère
amertume douceâtre" qui sourdait constamment dans le récit. Certains y
ont même aperçu la Faucheuse en personne comme figure centrale de l'ouvrage,
planant sans cesse au-dessus des pages : je ne les contredirai pas et citerai même
l'un d'eux qui parle d'"une belle promenade
enténébrée" à propos du livre. Quel parfait oxymore… Et puis oui
Thierry, je ne serai "jamais apaisé",
et j'avoue même avoir dépassé les bornes parfois, en laissant causer mon aigreur,
mes colères, mes déceptions et mes options "sociétales" comme on dit…
Beaucoup de lecteurs l'ont d'ailleurs relevé, sans me le reprocher toutefois,
mais voilà : un témoignage autobiographique suppose un minimum de transparence
et d'honnêteté, sinon à quoi bon ? Comme le dit l'ami Laurent, "la lecture de Replay peut donc parfois s’avérer un peu douloureuse pour votre
égo, mais en ces temps de politiquement correct, c’est plutôt pas mal de tomber sur
un auteur qui ne caresse pas ses lecteurs dans le sens du poil et qui prend le
risque de s’en mettre certains à dos. Donc bravo pour ce choix courageux et ce
souci d’authenticité." Merci Laurent. Depuis, j'ai
d'ailleurs senti le vent du boulet passer (dire précisément ce que l'on pense
est une activité sacrément dangereuse aujourd'hui), mais tant pis : l'exercice
de franchise est aussi un bon moyen de compter ses vrais "amis" et
d'abandonner ceux qui ne souffrent ni "disputatio", ni
contradictions, ni critiques, ni réserves. C'est ainsi.
Enfin,
et c'est probablement le plus beau compliment qu'on pût m'adresser, d'aucuns
m'ont largement rassuré sur la forme du livre : "addictif", "immersif",
"bien écrit", "rythmé" (peut-être même trop
parfois !), "maîtrisé", "percutant"… N'en jetez plus : pas
de fond sans la forme, c'est bien connu, et c'est bien l'essentiel à mes yeux !
L'un de mes lecteurs me dit même que mon écriture était d'un "classicisme parfait", ce qui
me touche au cœur pour le coup : j'y vois là la congruence absolue entre les
mots et les choses, entre une personnalité qui s'exprime et la manière dont
elle le fait.
Pour
clore définitivement le chapitre Replay,
je voudrais enfin remercier tous ceux qui participèrent - de très près ou de
plus loin - à cette petite aventure : ceux qui se procurèrent le livre bien
sûr, mais aussi ceux qui promurent sa sortie, ceux qui partagèrent l'info, ceux
qui firent un coup de pub au bouquin. Evidemment, je n'oublierai pas non plus
les artisans essentiels de la chose : le relecteur (il se reconnaîtra), les
"conseillers" (Didier et Augustin), le maquettiste (Augustin bis,
auteur de la couv' notamment) et l'imprimeur (merci encore Yves !).
A très vite donc, ici ou
ailleurs.